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dimanche 10 novembre 2013

Grand vent



Ce matin,
il fait grand vent.
Je contemple les frêles buis
plantés avant-hier devant la maison
qui se courbent presque à terre
sous la force du souffle d’Eole…

« Les pauvres… »
Un élan de compassion me traverse.
Envie de les protéger,
de les replanter bien à l’abri
derrière la maison.

Je les contemple,
regarde ce qui me touche tant :
« ils ne peuvent rien faire,
ils ne peuvent échapper au vent,
ils n’ont pas les moyens de bouger,
d’aller se replanter tout seul
dans un lieu moins venté ».
Oui, ce que je perçois
comme leur impuissance me touche.
Elle fait écho à la mienne,
sous certains grands vents de la vie
face auxquels je ne sais où trouver refuge.

Soudain, un vert éclat de rire
me traverse, venant de la haie :
« Qui t’a dit que nous souffrions du vent ?
Qui t’a dit que nous aimerions y échapper ?
Cela n’est point !
Le Vent est ce qui nous anime,
le seul mouvement que nous pouvons goûter,
par son Souffle, nos feuilles deviennent instruments
créant musique de l’instant…
C’est le Vent encore qui nous ensemence,
qui éparpille graines alentour, pour nouveaux arbres…
C’est lui qui nous dénude de nos habits feuillus
nous faisant vivre la nudité essentielle
au cœur de l’hiver…
Oui, nous ne pouvons bouger.
Oui, nous ne pouvons lui échapper :
mais cela développe en nous force et vigueur,
tout autant que souplesse et fluidité,
et la mélodie que tu entends sous son souffle
est le chant de gratitude
de toute notre communauté ! »

Quelle sagesse, me dis-je…
Oui, les arbres ont raison :
nous humains, arbres capables de nous déplacer,
avons souvent perdu l’habilité à « rester sous le vent »
tant nous cherchons le calme, la tranquillité et la sécurité.
Je ne parle pas ici bien sûr
du besoin naturel de préserver la vie qui est nôtre,
mais de ce que notre instinct de survie
a développé au fil de l’évolution humaine :
privé de réelles mises en danger
il nous a rendu si sensibles au moindre souffle de vent
que l’une de nos plus grandes compétences
est devenue l’évitement…

Alors pour ce jour,
je m’invite, lorsque soufflera le prochain vent,
à rester dans son mouvement quelques minutes de plus
que ce que je fais d’habitude…
Je m’engage à expérimenter un peu plus
ce qui se vit en moi,
à l’accueillir, à le goûter,
plutôt que de chercher à le fuir immédiatement.
J’ai envie de sentir le mouvement de la Vie
me traverser, même si cela me décoiffe sur le moment.
Je veux découvrir quel chant se chanterait à travers moi,
si je restais au cœur de ce qui est,
sans partir en courant.
Pour ce jour,
je prends rendez-vous avec ce que j’évite habituellement
car je sais que j’y découvrirai monts et merveilles,
présents de l’inhabituel, cadeaux de l’instant remuant.

Et de mon coeur à ton cœur,
Ami, Amie,
je te souhaite une belle journée
et… bon vent !