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dimanche 8 mai 2011

Je suis et je ne suis pas

Article du site « Propos sur la non-dualité et l'unicité absolue » de Monko

Photo et oeuvre d'Andy Goldsworthy

Je ne suis pas arrivé, je ne vois nul lieu ni état ni vérité à atteindre, et je ne suis jamais parti, car je n'ai jamais eu aucun point d'ancrage d'où m'élancer, aucun appui, aucun support d'où exercer une pression, avec le corps, la pensée, les sens...
L'arrivée et le départ, le gain et la perte, la naissance et la mort, la création et la destruction sont en réalité un seul et même point où l'impossibilité absolue qu'il se passe la moindre chose vire immanquablement à un débordement d'activité, cette unité qui vire au débordement majestueux et sensuel de l'altérité, cette immobilité absolue de l'univers qui ne vibre que d'un incessant mouvement...

Vous comprenez, je ne crois pas plus qu'il y ait quelque chose plutôt que rien ou qu'il y ait rien plutôt que quelque chose; je ne crois pas plus qu'il n'y ait personne plutôt que quelqu'un, et inversement; je ne crois pas plus que quelque chose puisse être faux plutôt que vrai ou inversement ; je ne crois pas que la conscience puisse être impersonnelle, intemporelle, pas plus et pas moins qu'elle ne puisse être personnelle et temporelle, et à cet instant tout en moi crie en silence que les deux sont un ; et je ne crois pas plus que ce qu'on nous dit apparaître et disparaître en elle puisse être à son tour personnel et temporel, et inversement ; et je ne vois nulle distinction entre la conscience et son objet ; je ne crois pas plus en une Conscience qui soit continue, éternelle et désincarnée, pas plus que si elle était impermanente, allant et venant et incarnée...

Je ne crois plus en cette spiritualité sèche, bourgeoise et étonnament patriarcale, cette glorification de la sagesse et de la Conscience "en arrière-plan" éternelle que nous serions et qui verrait, sans en être affectée, aller et venir le monde. Cette spiritualité suinte encore la peur, la peur du féminin, la peur du vivant, de l'intimité, de la pensée, du corps (ce sac de merde...imaginez un peu). Parce que "tout est Conscience" est égal, pour moi, à "tout est corps", à "tout est pensée", à "tout est sens". Et c'est ainsi que tout est amour.

Je ne crois pas à ce que la manifestation puisse aller et venir dans la Conscience, mais je ne crois pas non plus que cette impossibilité soit impossible. La compréhension que Conscience soit "en tant" que tout ce qui est n'empêche nullement qu'il puisse se dévoiler l'expérience d'une conscience "consciente de ce qui est", mais la compréhension n°2 ne peut englober la première. La compréhension n°2 vue comme absolue n'est ni plus ni moins qu'une spiritualité mal digérée, pas aboutie, qui a encore quelque chose à enseigner, à atteindre, à faire comprendre, à transmettre. Mais la beauté, c'est qu'elle a encore quelque chose à perdre.

Et moi ? Je suis comme un amoureux qui a fini par perdre l'objet de son amour, qui s'est libéré de lui ; conscience libérée de la conscience, corps libéré du corps, pensée libérée de la pensée, sens libérés des sens, perception libérée de la perception, monde libéré du monde. Tout ceci n'est pas moi et n'est pas autre.

Alors la Conscience ? Je ne vois rien d'autre et je ne sais pas ce que c'est. Pourtant sa nature m'éclabousse au moindre regard, dans la moindre sensation... Je suis la sensation et libre de la sensation. C'est un mystère, mais un mystère sans peur.

Je ne suis pas dans l'advaïta, dans le christianisme, dans le soufisme, dans le zen... Quel ennui... Et pourtant, tout cela existe en moi, à l'état de vaste débordement, de vaste évidence, d'amour sans objet, si on veut... Je pourrais encore en dire tant là-dessus... Mais voyez-vous, tout en laissant une folle passion écrire ceci, je ne trouve aucun intérêt particulier ou personnel à tout ceci. Même à ceci je n'accorde aucune croyance, et je ne m'intéresse pas au vrai ou au faux.
Mais le vivant, intensément, doit éclore et éclabousser, maintenant.
Si c'est le corps, si c'est la pensée, si c'est le travail, ce ne peut être que le Vivant, sans naissance, sans extinction. M'étant perdu, je suis en une forme d'éternel Devenir, mais libéré du temps, de la psychologie, sans recherche. Ayant perdu l'objet (et le sujet) de mon amour, mon amour n'a plus rien à perdre, bien qu'il perde et retrouve sans cesse.
Oh ce divin mystère... Jamais il ne fut découvert : qui aurait ce fou désir ? La vie est et n'est pas exactement au même instant. Qui pourra comprendre ça ? Quel sage, quel prophète, quel messie ? Quel est l'ignorant qui va lever le doigt pour dire "moi!" ?
Celui qui ne trouve pas son contentement dans son ignorance fondamentale, dans son ignorance ouverte, ne peut connaître la sagesse, et celui qui ne sait pas qu'il ne peut pas aimer ne trouvera jamais l'Amour, l'Amour sans demeure.

Alors que faire ou pas faire ?
Mais je n'en sais strictement rien, je ne suis ni enseignant ni policier.
Néanmoins ceci : faites ce que vous avez à faire, avec passion, intensité, amour, folie pourquoi pas, raison, bon et mauvais sens ; mangez, buvez, dormez, travaillez, méditez si vous en avez la fantaisie (mais fantasmez sérieusement alors!!), avec un intérêt qui dépasse votre propre psychologie : buvez comme si c'était votre premier et dernier verre, dormez ou effectuez un travail comme si c'était la première fois et la dernière.
Après vous être trouvé dans la Conscience sans objet, perdez vous dans la totalité, à chaque instant.
Je veux dire, ne le faites pas, mais si le parfum de cela vous touche, c'est parfait.
Sinon, c'est parfait aussi...