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mercredi 13 avril 2011

Le grand maître Houeï-Tchong

 Extrait de « Humour Zen »
de Henri Brunel


Ce jour-là, dans le monastère Tch'an, c'est l'effervescence.
On attend la visite du grand maître Houeï-Tchong.
Tous les moines ont mis leur robe de fête et se sont fait une âme attentive, un esprit droit pour accueillir la parole. Le responsable du temple reçoit Houeï sur le seuil en s'inclinant trois fois, les mains jointes à hauteur du front en signe d'infini respect.
Le maître monte en chaire.
L'assistance se recueille.
On entendrait une mouche voler.
Un raclement de gorge, et le silence s'installe, se prolonge.
Une minute, puis deux.
Houeï, debout dans la chaire, se tait.
Une sorte d'angoisse serre les cœurs.
Que se passe-t-il ?
Enfin, le responsable du temple s'avance d'un pas :
« Maître, dit-il, nous attendons dans le recueillement vos saintes paroles, veuillez je vous en prie exposer votre thèse, nous la recevrons comme un cadeau du ciel...
- J'ai déjà proposé ma thèse, articule enfin Houeï, et il se tait.
- Quelle est-elle, ô Maître ? » insiste le responsable du temple.
Houeï ne répond pas.
Il descend en silence de la chaire, et s'apprête à quitter le monastère.
Avant de franchir le seuil, il ajoute :
« Ce que j'ai dit dépassait sans doute votre compréhension... »
Les moines regardent partir le grand maître, éberlués.
Mais il est vrai que le silence se situe au-delà des effets et des causes, et présente la face la plus authentique du Tch'an.